Organisation

Historique de la Société d'Histoire du Protestantisme de Nîmes et du Gard :
   - Par Monsieur Le président Michel Boissard -
 

Il y a un peu plus de trente cinq ans, très exactement le 26 octobre 1977, le "Journal Officiel" publiait l'annonce de la création de la "Société d'Histoire du Protestantisme de Nîmes et du Gard", sise au 3 de la rue Claude Brousson à Nîmes, autrement dit dans les locaux du consistoire de l'Eglise Réformée, aujourd'hui la Maison du Protestantisme.

Les Statuts de cette société savante spécifiaient qu'elle était une "section de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français" - elle-même fondée en 1852 et reconnue d'utilité publique en 1870.

Les buts de la nouvelle association se déclinaient de la sorte :

~> "Rechercher et receuillir, à Nîmes et dans les limites du département du Gard, pour l'étudier et la faire connaître, l'histoire des Eglises Protestantes, de leurs membres - leur vie, leurs souffrances, leurs réussites ou leur notoriété, leurs travaux et leurs oeuvres, des origines de la Réforme jusqu'à la période contemporaine."

Publications, organisation de conférences (chaque année d'Octobre à Juin de l'année suivante), colloques, tables-rondes seraient les principaux moyens d'action de la S.H.P.N.G.

A ces statuts, était joint le texte d'une convention de coopération entre la société de l'Histoire du Protestantisme Français et sa filiale locale, signée pour la première par le président Jacques Allier, et pour la partie Nîmoise, par le Pasteur Roger Grossi, son président - qui allait le demeurer vingt sept années durant. (CF Annexe ci-dessous)

Bien que l'association ait été crée en 1977 et que Roger Grossi jouat un rôle pionnier dans cette aventure intellectuelle et spirituelle, en réalité les origines de la S.H.P.N.G remontent à quelques années plus tôt.
En effet, tout a commencé il y a environ un demi-siècle, en février 1954, lorsque deux laïques, Jean Gibelin, agrégé de philosophie, traducteur reconnu de Kant et Hegel, et Louis Lacroix, instituteur, décident d'organiser des conférences publiques sur l'histoire du protestantisme dans notre ville et le département. Cela se passe à la Maison Presbytérale, dans des locaux vitrés au fond de la cour, dont il me souvient que le plancher était quelque peu grinçant - ayant, à l'époque, encore tout jeune mais déjà intéressé par l'histoire, assisté à quelques unes de ces rencontres, sans forcément en retenir d'ailleurs tout le sel et l'intérêt.

Il faut attendre les années 1960 pour que deux pasteurs soutenus et aidés par le Professeur André
Dupont - éminent médiéviste à la faculté des Lettres de Montpellier - prennent le relais des enfances de notre Société.
Ces deux pasteurs sont Paul Brunel et Raoul Lhermet.
Membres de l’Académie de Nîmes, ils sont férus d’histoire locale, et particulièrement avertis de la rencontre entre notre cité et la Réforme. Melle Marcelle Viala a bien voulu nous donner les références des principales communications académiques qui en témoignent pour Raoul Lhermet, lequel, tout naturellement, deviendra Président de la Société d’histoire du Protestantisme.

Une association encore informelle mais qui, déjà, se veut d’une dynamique présence dans la cité.

De cette époque, selon le Pasteur Grossi, ne subsistent que peu de traces de l’action menée par celui qui fut son collègue au Temple de l’Oratoire.
Cependant, il nous reste deux ouvrages significatifs : en 1963, « Nîmes, richesse du passé », préfacé par André Dupont, qui faisait suite à « Nîmes, cité protestante », le tome premier d’un ouvrage qui devait, après avoir décrit les origines, traiter l’époque moderne et contemporaine, dans un second tome, hélas ! Jamais publié.

C’est ce livre, paru en 1959, et préfacé par Paul Brunel, que nous avons choisi de rééditer, grâce à l’obligeant accord de Madame Christiane Lhermet-Toureilles et de Melle Hélène Lhermet, les deux filles du pasteur prématurément disparu en 1972.

Je veux, ici et maintenant, remercier la Ville de Nîmes, le Département du Gard et la région Languedoc-Roussillon qui ont permis le financement de cette republication, élégamment réalisée en fac-simile par l’entreprise Azaprint, dirigée par Isabelle Chaber. 

Avant de revenir, sinon sur le contenu même de ce livre - que vous découvrirez ou redécouvrirez avec plaisir - du moins sur le sens de son titre, laissez-moi souligner la fidélité de notre Société à ses principes fondateurs : faire connaître et partager une histoire généreuse, tragique, tumultueuse et profondément identitaire de notre midi méditerranéen
Lorsque je feuillette l’album des publications, depuis 1977, sous le mandat de Roger Grossi, je constate cette remarquable continuité :
 
- 1985, « La Révocation de l’Edit de Nantes dans les Cévennes et le Bas-Languedoc »
- 1987, «  Les Rabaut, du Désert à la Révolution » 
- 1993, « Colloque Charles Gide, une ouverture du passé vers l’avenir » 
- 1998, « Le Collège Royale et l’Académie Protestante de Nîmes aux XVIe et XVIIe siècles »,

Sans compter l’évocation de ces hautes figures : Antoine Court, Samuel Vincent, Etienne Saintenac, ou, à l’occasion du quatrième centenaire du premier acte public de laïcité que fut l’Edit de Nantes, un petit ouvrage fort de substance : « Naissance et Tourments du Protestantisme Français » (1598-1998).

Lorsqu’en 2004, Roger Grossi m’a fait l’honneur de me demander de lui succéder, outre l’organisation d’un cycle de conférences et l’édition d’un bulletin annuel les reproduisant, j’ai pensé que la nouvelle équipe devrait mettre ses pas dans ceux de ses prédécesseurs en manifestant sa révérence pour l’écrit, le protestantisme étant par essence une religion du Livre.

Ce fut le cas en 2005 avec la publication des Actes du Colloque sur la Séparation des Eglises et de l’Etat, ce l’est toujours en 2007 avec la remise en vente du livre du Pasteur Lhermet.

J’ai beaucoup parlé, c’était normal, de l’histoire de notre société. Qu’il me soit permis au moment de conclure de consacrer mon propos à ce qui avait frappé Raoul Lhermet et Paul Brunel :
La personnalité protestante de Nimes - tant la Réforme a modelé les structures matérielles et culturelles de notre cité.
Historiens et géographes se sont interrogés sur le fait de savoir s’il s’agissait d'une marque durable ou de simples jalons d'une archéologie sociale.
Peut-être, est-ce grâce au professeur Herbert Lüthy que nous comprenons le mieux les traits d’une culture qui irrigue encore la société Nimoise.
Ici, en effet, le souci de l’éthique rejoint l’esprit d’autonomie – le retour à la pureté originelle de la Foi qui saisit la ville au XVIe siècle donne la main à un appel à toutes les libertés : de conscience, d’entreprise, de gouvernent qui fleurit dès le XVIIe siècle et s’épanouit en 1789.
Au point que, dans une lettre à Mazarin, Monseigneur Cohon, évèque de Nîmes, s’exclame :
« Ces nîmois sont des républicains ! »
Quant au devoir d’insoumission, célébré par Théodore de Bèze, il s’exprime chez nous par une Résistance qui a fait des Cévennes, selon Michelet, une sorte de théâtre sacré de la dignité humaine.

Bref, ici plus que partout ailleurs, l’on attache du prix a ce qui a fondé notre idéal démocratique :
« …le libre examen, la raison critique, la souveraineté de la conscience individuelle, le mépris des rites et des superstitions, un esprit de rationalité senti comme une exigence morale. »

Lorsque vous lirez - ou relirez - « Nîmes, cité protestante » de Raoul Lhermet, vous ne manquerez pas d’être saisis par la prégnance et la permanence de ces valeurs tout au long de l’Histoire de notre ville et du département du Gard. Trente ans, officiellement - ou un demi-siècle, en réalité - se sont écoulés depuis qu’ont été jetées les fondations de la S.H.P.N.G.
Avec l’équipe dévouée qu’il m’est donné d’animer, avec le soutien matériel de la Municipalité, du Conseil Général et de la Région, surtout grâce à la fidélité d’un public renouvelé, nous prolongeons à notre manière le travail de nos devanciers, à la lumière de ce que disait André Chamson, en 1935, au Désert, lorsqu’il exaltait l’esprit camisard : « Dans cette sérénité qui n’est pas un oubli, dans cet apaisement qui n’est pas un relâchement des vertus essentielles, nos pères nous apparaissent brusquement comme n’ayant pas livré autre chose qu’un de ces combats intérieurs par lesquels l’homme lutte contre lui-même pour se contraindre à plus de dignité, de noblesse, de perfection. » Je vous remercie de votre attention.


                                                                                        - Michel Boissard -
Président de la Société d'Histoire du Protestantisme de Nîmes et du gard
 
(Texte tiré du discours donné par Michel Boissard le 11 décembre 2007 à l'occasion du trentième anniversaire de la Société d'Histoire du Protestantisme de Nîmes et du Gard)
 
 

------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Fiche Signalétique de l'Association - Année 2014 -

Nom :Société d'Histoire du Protestantisme de Nîmes et du Gard (Sigle : SHPNG)

Adresse du Siège Social :               Maison du Protestantisme
                                                           3, Rue Claude Brousson
                                                                    30000 Nîmes

Président : M. Michel Boissard

Vice-Présidents : M. Franck Belloir - Mme Françoise Moreil


Secrétaire : M. Bernard Simon

Secrétaire adjointe : Mme Valérie Rouvière

Trésorier : M. Philippe Cadène

Responsables du Bulletin :

Mme Violaine Kichenin-Martin - Mme Corinne Nègre

Membres du Bureau :


Mme Liliane Chaber
Mme Jany Ghanem
M. le Pasteur Jacques Galtier -
M. le Pasteur Jean-Christophe Muller
M. Rüdiger Stephan

M. Jonas Daino

Déclaration en Préfecture : le 05/10/1977 - N° 249

Description d'activité : Cycle de conférences  / Colloques régionaux et nationaux / Expositions / Recherches historiques / Edition / Centre d'information sur le protestantisme

------------------------------------------------------------------------------------------------------------

ANNEXES / ARCHIVES :
 
Statuts de la Société d'Histoire du Protestantisme de Nîmes (1977) :
 
 







------------------------------------------------------------------------------------------------------------
CONVENTION ENTRE LA SOCIETE D'HISTOIRE DU PROTESTANTISME FRANCAIS ET LA SOCIETE D'HISTOIRE DU PROTESTANTISME DE NÎMES (1977) :